Pour un sol vivant
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Depuis les débuts de l’agriculture il y a plus de 10'000 ans, le sol est considéré comme un bien de grande valeur. Il permet la croissance des plantes et apporte de la nourriture pour humains et bétail. De manière spectaculaire, les végétaux n’ont pas besoin de manger et produisent leur propre nourriture, en absorbant du CO2 et la lumière du soleil. Ils puisent dans le sol l’eau, les nutriments et les minéraux dont ils ont besoin.
Dès les années 1960, lors de la révolution verte, l’agriculture a été industrialisée dans le but d’augmenter la production et de réduire la faim dans le monde. Des céréales à haut rendement, de grandes quantités d’engrais, des pesticides et des machines agricoles ont été utilisés sans retenue. Le sol a été relégué au rôle de support pour les plantes et s’est rapidement dégradé. L’équilibre de l’écosystème agricole a été chamboulé, entraînant l’érosion, la déstructuration et la salinisation des sols, suivi de l’effondrement des rendements agricoles.
Depuis les années 90, en réaction à la révolution verte, un intérêt croissant pour l’environnement s’est développé dans les domaines de la recherche scientifique et de la protection environnementale.
De nos jours, la vie du sol mieux comprise fait émerger d’autres techniques agricoles. Le sol constitue un véritable écosystème, qui abrite des milliers d’espèces différentes. On y trouve des mammifères (taupes, mulots), des insectes (fourmis, termites), des vers de terre, des mollusques, des micro-organismes (bactéries, champignons, protistes), mais aussi plein d’autres organismes moins connus (nématodes, myriapodes, etc.). Ces organismes décomposent la matière organique, la rendant assimilable pour les plantes. Ils aèrent également le sol, permettant aux racines de descendre plus profondément à la recherche de l’eau et donc de mieux survivre lors de sécheresse. Dans cette idée, les vers de terre sont essentiels à la formation d’un sol nutritif et aéré. On peut en trouver 4 à 5 millions par hectare et ils déplacent 18 à 36 tonnes de terre par an !
Prendre soin du sol est capital pour permettre une production alimentaire durable. Les sols sont capables d’assurer une meilleure production avec moins d’intrants lorsque l’écosystème naturel résilient est réinstauré.
Il est nécessaire de travailler main dans la main avec la nature pour assurer une transition vers une agriculture durable. Des techniques toutes simples permettent de travailler avec la nature et non contre elle en limitant le labour et les intrants.
Les engrais verts
Les engrais verts sont des plantes qui ne sont pas cultivées pour notre alimentation mais plutôt pour protéger le sol, le nourrir et faciliter les prochaines cultures. Ils peuvent être plantés tout au long de l’année et sont habituellement fauchés quelques semaines avant de planter la nouvelle culture potagère. Ils peuvent ensuite être laissés au sol et former un paillage.
Parmi les engrais verts, on compte les plantes qui enrichissent le sol, l’aèrent, concurrencent la mauvaise herbe et qui combattent les parasites des cultures.
La vesce et le mélilot sont des plantes de la famille des Fabacées et sont capables d’assimiler l’azote présent dans l’air et de le restituer au sol. Elles fertilisent le sol tout en s’affranchissant des engrais. Les Poacées, comme l’orge et l’avoine, sont idéales pour aérer et structurer le sol grâce à leurs nombreuses petites racines. La moutarde et d’autres plantes de la famille des Brassicacées combattent les parasites des cultures et limitent donc certaines maladies. De plus, comme elles poussent rapidement, elles concurrencent elles aussi la mauvaise herbe.
Les fertilisants naturels
Il est maintenant bien établi que les engrais chimiques nuisent à la santé et à la nature. Des fertilisants naturels peuvent être utilisés à leur place pour nourrir le sol et favoriser la croissance des plantes. Il existe de nombreuses recettes faciles à réaliser soi-même.
Le purin d’ortie est un fertilisant et un répulsif naturel contre les pucerons et les acariens. Il se réalise tout simplement en laissant macérer des orties dans de l’eau pendant plusieurs jours.
Le compost est un excellent moyen de recycler nos déchets végétaux. Il apporte des nutriments au sol et favorise la présence de la faune du sol.
Le thé de compost favorise la vie du sol et améliore sa structure. On peut en fabriquer en faisant tremper du compost dans de l’eau pendant une semaine.
Le fumier peut aussi être utilisé pour apporter des nutriments au sol. Il s’épand habituellement sur le sol nu en automne, jamais au pied des plantes car il les brûlerait.
Le paillage
Le sol nu s’érode, s’appauvrit et s’assèche rapidement. Une technique toute simple pour palier à ce problème consiste à recouvrir le sol présent autour des cultures avec de la paille, des matériaux organiques ou des éléments minéraux. Les paillis minéraux composés de morceaux d’ardoise ou de cailloux sont efficaces pour réchauffer le sol. Les paillis organiques peuvent être très variés : paille, déchets de tonte, engrais verts fauchés, copeaux de bois ou feuilles mortes.
Le paillage permet de conserver l’humidité du sol et de réduire l’arrosage lors de sécheresses. Cette technique empêche le développement des mauvaises herbes, favorise la présence de la faune du sol et limite l’érosion du sol due à la pluie. Lorsqu’il gèle, les cultures sont aussi protégées du froid. De plus, le paillage de matériaux organiques apporte des nutriments au sol en se décomposant.
La diversité de cultures
Apporter une grande diversité de cultures, en mélangeant les plants et en faisant des rotations permet aux plantes de mieux se défendre contre les maladies et les nuisibles. Cette technique a pour principe de disperser les plantes et d’empêcher qu’une culture entière soit ravagée. Certaines plantes, comme l’ail ou le chou, éloignent les insectes ravageurs. Associer certaines plantes permet d’augmenter leur rendement. Une association réputée est le mélange du maïs, avec le haricot et la courgette.
À ces pratiques pour garder un sol vivant s'ajoutent les principes de la Charte des Jardins qui favorisent la biodiversité autour de chez soi.
Références
Gobat J.-M., Aragno M. & Matthey W. (1998). Le Sol vivant. Bases de pédologie et de biologie des sols,Presses polytechniques et universitaires romandes (Lausanne)
Jeff L. & Wayne L. (2016). Un sol vivant, un allié pour cultiver, Editions Rouergue
Pépin D. (2022). Le Guide Terre vivante. Composts & paillages,Editions Terre vivante (Mens, France)
Pousset J. (2017). Engrais verts et fertilité des sols. Editions France Agricole
Dominique Ruggli, responsable arboriculture à Grangeneuve et passionné de la vie du sol, a donné une conférence dans le cadre du programme Parc à la carte le 6 octobre 2022, conférence enregistrée sur la diffusion en direct sur Zoom.