De l'herbe à l'assiette : Foins, regains, ensilage, quèsaco?

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Le mois de juin est particulièrement intense pour les agriculteurs et agricultrices de montagne. En plus de la montée à l’alpage, la fabrication du fromage, les soins apportés au bétail, l'entretien des clôtures et des parcelles, il est essentiel de consacrer du temps à la fauche des prairies en plaine. Le fourrage ainsi récolté sera utilisé pour nourrir le bétail durant l’hiver, lorsque les herbages restent en dormance. Mais quelles sont les différences entre le foin, le regain et l’ensilage ?

Dans nos régions montagneuses, le bétail se régale d'herbe fraîche des pâturages d’alpage durant la saison estivale. Pendant ce temps, les prairies de plaine, proches des fermes, sont fauchées. L’herbage ainsi récolté est ensuite séché et stocké pour l’hiver : c’est ce que l’on appelle le fourrage. Celui-ci nourrira les troupeaux, de la désalpe jusqu’au printemps suivant, lorsque l’herbe des prairies ne pousse plus. Les termes étant parfois techniques dans le jargon agricole, voici quelques explications autour de la thématique des foins et fourrage.

Les foins sont la première fauche de l’année d’une prairie, ce qui correspond à sa première utilisation après la pause hivernale. Dans les régions de montagne, les foins sont généralement réalisés entre mai et juin, en fonction des conditions météorologiques et de l’altitude des parcelles. Il est crucial de ne pas effectuer cette première coupe trop tôt afin de permettre aux plantes de produire des graines et ainsi d’assurer la reproduction des espèces qui composent la prairie.

Les regains désignent toutes les coupes d’une prairie effectuées après la première fauche. En général, dans les régions de montagne, les agriculteurs et agricultrices réalisent deux à trois coupes sur leurs parcelles.

L’herbe fraîche coupée par la faucheuse doit être séchée avant d’être ramassée. Il est donc nécessaire de la pirouetter, c'est-à-dire de la retourner pour que le soleil puisse la sécher des deux côtés. Souvent, plusieurs passages sont nécessaires pour assurer un séchage optimal.

Une fois suffisamment sèche, la récolte peut être andainée, c’est-à-dire mise en lignes sur la prairie.

Botteler consiste à utiliser une botteleuse, une machine qui passe sur les lignes de fourrage préalablement andainées pour les récolter et les presser. Le fourrage récolté est ensuite transformé en bottes rondes ou carrées. Il ne reste plus qu’à ramasser les bottes dans le champ et à les stocker dans une grange, à l’abri des intempéries, jusqu’à l’hiver. Pour garantir la qualité du fourrage, il est primordial qu’il soit bien sec ; sinon des moisissures pourraient apparaître.

Le séchage du fourrage : il existe deux manières de faire sécher le fourrage : le séchage au sol ou le séchage en grange.

  1. Le séchage au sol, comme son nom l'indique, implique de laisser l'herbe coupée sur le sol. Au moment de la coupe, son taux d'humidité est d'environ 80% et doit être réduit à moins de 20% avant le bottelage pour garantir une conservation optimale pendant l'hiver. Ainsi, comme mentionné précédemment, il est nécessaire de le retourner plusieurs fois avant de le rassembler en andains.
  2. Lors du séchage en grange, l'herbe coupée est partiellement séchée sur le pré avant d'être ramassée en vrac à l'aide d'un char et stockée dans le séchoir en grange. Grâce à de l'air chaud soufflé depuis le bas du séchoir à travers le foin, sa teneur en eau diminue de 40% à 13% en seulement 2 à 4 jours. Ce système est couramment utilisé dans les régions de montagne où les journées sont plus fraîches qu'en plaine, rendant le séchage au sol plus difficile à réaliser de manière efficace.

L’ensilage est une méthode de conservation du fourrage, basée sur la fermentation. L’herbe coupée sur la prairie n’est que partiellement séchée (environ 50% de teneur en eau) avant d’être andainée et bottelée par une botteleuse qui entoure les balles d’un plastique. Ces balles rondes d’ensilage sont souvent visibles autours des fermes car elles ont moins besoin d’être stockées à l’abri, le plastique faisant effet de protection. Aucun échange avec l’air ne se fait, ce qui provoque une fermentation anaérobique à l’intérieur de la balle ronde, un moyen efficace de conserver le fourrage. À noter que ce type de fourrage ne peut pas être donné aux vaches dont le lait est utilisé pour fabriquer du fromage à pâte dure et mi-dure car la fermentation se poursuit, pouvant provoquer des moisissures et des trous dans les fromages.

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