loup : retour sur la soirée d'échanges 

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Retour de la projection du film Vivre avec les loups, où éleveurs, chasseurs et citoyens ont pu poser leurs questions et soumettre leurs craintes face au retour de ce grand prédateur.

C’était salle comble pour le CinEden de Château d’Œx samedi 18 mai dernier qui accueillait la projection du dernier film de Jean-Michel Bertrand, Vivre avec les loups. En quête de sens, ce dernier film clôture sa trilogie sur les traces du loup en amenant un questionnement concret dépassant le débat du pour ou contre. Nourri d’échanges et de rencontres – notamment avec des bergers –, Jean-Michel Bertrand a réussi à créer un dialogue et à questionner de façon presque poétique le retour de ce grand prédateur.

En collaborant sur la projection de ce film, le Parc a souhaité offrir un moment d’échanges entre le public, le réalisateur ainsi que des spécialistes de la thématique du loup. Sous la modération de Clément Grandjean, rédacteur en chef du journal Terre&Nature, le public a pu exposer ses diverses questions et remarques aux quatre intervenants présents : Jean-Michel Bertrand, réalisateur du film, Michael Thomi, inspecteur police de la faune et de la nature (Aigle – Pays-d’Enhaut), Jean-Claude Roch, président de la commission Nature du Parc et Jérémie Moulin, directeur d’OPPAL.

La question de la présence du loup dans la région du Pays-d’Enhaut a été abordée dans le calme. Bien que la présence de meute ne soit pas connue, Michael Thomi a expliqué qu’un individu sillonnne bel et bien la région. Sa présence a été confirmée à plusieurs reprises par des pièges photos installés sur le terrain. Étant donné le front de colonisation sur le plateau par des loups solitaires et la forte présence de cervidés, Michael Thomi précise qu'il n'est pas surprenant que le loup occupe ce territoire. Cependant, le garde-faune rassure en affirmant que la situation reste plutôt calme dans nos régions.

La question du dédommagement financier a également été mise en avant. Bien que les animaux de rente tués par le loup soient relativement bien indemnisés, il y a de nombreux autres facteurs à prendre en compte. Les dommages collatéraux, tels que le changement de comportement du troupeau ou les risques d'avortement, ne sont pas couverts par les compensations actuelles.

Des éleveurs ont ensuite soulevé la problématique de la protection des troupeaux et du travail supplémentaire que cela implique. Bien que l'utilisation de clôtures physiques soit efficace, elle n'est pas toujours possible. Dans certains cas, la présence de chiens de troupeau constitue une aide précieuse. Cependant, ces chiens suscitent des inquiétudes parmi les randonneurs lorsqu'ils les croisent sur les sentiers. L'éducation des chiens fournie par la Confédération est à parfaire, car plusieurs années sont nécessaires avant qu'ils ne deviennent réellement efficaces sur le terrain. De plus, leur entretien demande du temps et de l'argent, et ils peuvent parfois créer des nuisances sonores en hiver lorsque les bêtes ne sont plus en alpage mais autour des villages.

La thématique du recours aux tirs létaux et des méthodes d'effarouchement a également été abordée. Jean-Michel Bertrand explique que la régulation n'est pas une solution, car lorsqu'un ou plusieurs loups sont abattus, ils sont automatiquement remplacés par la colonisation de nouveaux individus. Les spécialistes s'accordent cependant sur le fait de pouvoir tirer des loups qui ne respectent pas les mesures de protection des troupeaux mises en place par les éleveurs. Jérémie Moulin précise que l'effarouchement par le bruit ou la lumière est efficace dans la plupart des cas, mais l'utilisation de balles en caoutchouc (actuellement en test) pourrait davantage inciter le loup à associer l'attaque de bétail à une douleur et à un danger potentiel sans pour autant le tuer. De plus, sur les alpages où la pression exercée par le loup est forte, l'association OPPAL apporte son soutien en fournissant des bénévoles pour veiller sur les troupeaux la nuit. Cette aide concrète, bien que limitée, permet de soulager les éleveurs tout en créant du lien social.