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IMPORTANCE HISTORIQUE DE LA FORÊT
La forêt et l’économie du bois n’ont jamais connu une réelle valorisation culturelle. Dans l’espace et dans l’économie régionale, elles ont progressivement cédé leur place aux surfaces herbagères et à l’économie fromagère.
Pourtant, la forêt a régulièrement fourni un matériau précieux à la région dans la vie quotidienne: constructions de tout genre, toitures, meubles, outils et instruments de transports, objets de l’art religieux ou populaire, chauffage des bâtiments et du lait pour la fabrication du fromage) et dans les relations commerciales (exportation de grumes et de charbon de bois, industrie gruérienne du bois). La forêt a été longtemps la source principale de revenu de certains budgets communaux.
Si l’apogée du défrichement à des fins de production herbagère se situe certainement à la fin du 18e siècle, la forêt a encore connu une phase d’exploitation intensive jusqu’à la fin du 19e siècle, liée à l’extension de l’exportation du bois (planches, billons et bûches) en réponse à l’industrialisation du Plateau suisse. Dès la fin du 17e siècle, les forêts des hauts de Villeneuve sont exploitées pour alimenter en bûches les anciennes salines de Roche, avec flottage sur l’Eau Froide. Pour honorer les besoins croissants de l’industrie du sel, les Bernois créent en 1695 un barrage écluse en pierre: le barrage de la Joux Verte. Révolutionnaire pour l’époque, il est le premier barrage en Europe à voûte couchée, précurseur des barrages alpins modernes. Ses vestiges ont été sauvés in extremis en 1981, de même que la cabane de l’éclusier, abandonnée en 1894.
Le flottage du bois sur la Sarine a marqué la région. Après avoir épuisé les forêts de l’Emmental et de la Singine, les hauts fourneaux de Von Roll à Soleure se tournent vers la Gruyère et le Pays-d’Enhaut. La forêt est alors exploitée dans les contrées les plus retirées, inaptes au défrichement, où elle était demeurée vierge jusqu’alors. Généralisé à la plupart des rivières alpines, le flottage a été interdit en 1896.
Protégée dès la fin du 19e siècle par la législation nationale, la forêt a reconquis des surfaces importantes, suite à des plantations volontaires ou à l’abandon de prairies et pâturages d’intérêt marginal pour une agriculture qui connaît des mutations importantes et l’exode de sa main d’œuvre. Rien que dans le district du Pays-d’Enhaut la surface forestière s’est accrue de 800 ha entre 1900 et 1980.
La structure de propriété de la forêt varie sensiblement d’une commune à l’autre. A Château-d’Œx, 76% de la forêt est en main privée et seulement 8% en propriété communale alors qu’à Veytaux les proportions sont inversées (79% pour la commune, 18% pour les privés). Avec la création de la place de tir du Petit Hongrin, la Confédération est devenue un propriétaire forestier important dans la région (plus de 1’000 ha).
les fonctions de la forêt
Sur le territoire du Parc, la forêt a dans sa majeure partie une fonction de protection, mais la production est loin d’être négligeable.
Soucieuses de restaurer la forêt dans sa fonction de protection, les collectivités publiques ont réalisé divers projets de reboisement de surfaces nues dans les parties supérieures de la forêt. En témoignent les terrasses murées, en pierres sèches, érigées dans les pentes les plus raides du Malatraix dans la vallée de la Tinière au-dessus de Villeneuve ou dans celles surplombant la vallée de L’Etivaz sur le versant sud des Salaires (travaux entrepris en 1922, notamment dans la forêt protectrice du Bois de la Chapelle protégée dès 1576 par ses propriétaires). Suite aux crues de 1927, qui ont fait d’énormes dégâts en ville de Montreux, des travaux et reboisements importants ont été réalisés entre 1928 et 2002 sur le versant ouest des Verraux dans le cadre de l’aménagement du bassin versant de la Baye de Montreux.
Le rôle de la forêt pour la biodiversité n’est plus à prouver : lieu de refuge pour certaines espèces emblématiques et menacées, liaison essentielle d’un vaste réseau biologique. Dans la réserve naturelle de la Pierreuse, les forêts situées au-dessus de 1500 m sont laissées à elles-mêmes depuis 1946. La réalisation d’une réserve forestière est à l’étude pour ce secteur, de même que pour la forêt exceptionnelle du Lapé (Charmey). Dans la partie fribourgeoise, il existe quatre réserves forestières : Paradis – Fayère (Bas-Intyamon), La Leyte – Motélon (Charmey), Grand Paine – Auta Chia (Cerniat) et En Biffé (Châtel-sur-Montsalvens). Les forêts de la commune de Montreux (plus de 1’100 ha) sont toutes certifiées FSC, Q+ et PEFC ; les forêts fédérales de l’Hongrin (plus de 1’200 ha), communales et cantonales d’Ormont-Dessous, Veytaux et Villeneuve (plus de 2’000 ha) sont certifiées FSC et Q+.
La production dépend du type de forêts, des conditions d’exploitation, du marché du bois et des objectifs du propriétaire. A l’échelle du Parc, elle constitue un volume considérable (près de 60'000 m3 par an) nécessitant une main-d'oeuvre expérimentée.
La forêt joue également un rôle social, décors de balades à pied, d'activités sportives. Grâce à l'installation de canapés forestiers, la forêt se fait également salle de classe pour les écoles de la région.
la filière du bois
Les entreprises du bois représentent un employeur important des communes de montagne du Parc. La filière du bois procure des emplois qualifiés et décentralisés. De plus, elle offre souvent des places d’apprentissage prisées par les jeunes de la région.
Dans l’Intyamon, à l’instar de l’évolution du secteur en Gruyère, quelques entreprises du bois diversifient leurs activités dès la Seconde Guerre Mondiale (baraquements militaires, constructions de chalets et maisons en bois, agencements de cuisine). Au Pays-d’Enhaut et dans la Jogne, les entreprises misent plutôt sur le marché intérieur, dopé par la construction de résidences secondaires toujours plus luxueuses. Menuisiers et charpentiers se spécialisent dans le travail sur mesure et rivalisent de finesse dans la qualité de leur travail, dans le sillage des lignées des charpentiers des siècles précédents.
La filière bois s'est également déployée dans le secteur du bois de chauffage.